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Football. Relégation du SM Caen en National : la faute à Mbappé ?

Le 18 avril 2025, le Stade Malherbe de Caen a été officiellement relégué en National, après sa défaite 3 à 0 contre Martigues. Mais à qui la faute ?
13 août 2025 par
Football. Relégation du SM Caen en National : la faute à Mbappé ?
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Mbappé, l’une des meilleures ambiances de Ligue 2, un buteur redoutable lors de la saison 2023–2024, et un effectif a priori compétitif… Tout semblait prédestiner le Stade Malherbe à une saison réussiePourtant, rien ne s’est passé comme prévu. Le club normand a sombré et a été officiellement relégué en National, après une lourde défaite face à Martigues (3–0), alors 17e de Ligue 2 le 18 avril 2025. Comment expliquer une telle chute ? Et surtout, qui est responsable ? Le nom de Mbappé, en tant qu’actionnaire, est au centre des débats.

Un rachat catastrophique

Si pointer le rôle du clan Mbappé peut sembler provocateur, la question mérite d’être posée. Parce que le rachat s’est fait dans des circonstances catastrophiques. Après des mois d’incertitude, le club annonce (enfin) un nouvel actionnaire. En l’occurrence : le fonds d’investissement Coalition Capital, piloté par le clan Mbappé, qui achète 80 % des parts du SM Caen. Le timing est désastreux : l’annonce survient le 31 juillet, à peine quinze jours avant le début du championnat. Difficile de préparer sereinement une saison dans une telle confusion.

Pire, le club démarre la saison sans réel président. Ce n’est que le 25 septembre que le spécialiste de la finance, Ziad Hammoud, se présente aux salariés et à la presse. Et cette prise de parole inquiète. La raison ? Le surplus d’ambition. L’actuel président indique vouloir remonter en Ligue 1 et jouer l’Europe, des propos qui font tâche quelques mois plus tard. Comme beaucoup, notamment Iwan Postel au FC Rouen, il s’est brûlé les ailes. Dû à son manque d’expérience, lui qui n’a aucune expérience dans le football, hormis sa gestion de l’image de Kylian Mbappé ? Pas un problème pour lui. « Je ne suis pas président depuis 45 ans et je ne suis pas passé par plusieurs clubs. On arrive avec des recettes qui seront parfois différentes », avait-il exprimé lors de sa première prise de parole. Sauf que par la suite, son inexpérience se fait sentir. À commencer par son absence au club, alors que le Stade Malherbe avait besoin d’un chef de file. Lui a préféré résider à Madrid qu’à Malherbe. Pas le même charme.

Mais son absence était également médiatique. Un point commun partagé avec les autres dirigeants. Fayza Lamari, mère de Kylian Mbappé et actionnaire majoritaire du club, n’a donné qu’une seule interview : celle accordée à Ici Normandie, dix jours après l’officialisation de la descente du club.

Une citation ressort de cet entretien : « je me souviens d’avoir dit à Kylian humblement qu’on ne nous méritait pas car on mettait notre argent et qu’il fallait savoir partir quand on n’était pas désiré ». Un symbole de manque d’humilité, eux qui n’ont encore rien fait.

Mais c’est aussi le symbole que, durant cette année, tout a été fait à l’envers. Certes, ils paient les pots cassés des précédentes directions (dette à 12 millions d’euros, grosse masse salariale, etc). Mais cela ne justifie pas tout.

Un point en cinq matchs

Et cette désorganisation s’est traduite sur le terrain. Un point au bout de 5 journée, 8 avant la trêve hivernale.

Le club, désolé par la situation, tente alors le premier déclic de la saison le 29 décembre 2024 : virer son entraîneur Nicolas Seube, lui le chouchou du club. Lui l’un des derniers remparts à l’introduction du club dans le foot-business. Lui, l’un des seuls capables de témoigner de l’histoire des clubs et d’en transmettre les valeurs. Ce qui ne passe pas du tout auprès des ultras du Malherbe Normandy Kop — le principal groupe de supporters du club — et des supporters. La décision a un goût amer, tout comme la manière de faire : à travers un communiqué de quelques lignes publié sur les réseaux sociaux, sans aucun mot pour l’ancien milieu de terrain aux 477 matchs sous la tunique bleue et rouge. Le tout annoncé un jour avant la reprise de l’entraînement.

Pas d’électrochoc

Et l’arrivée du roi-mage Baltazar, Bruno de son prénom, le 29 décembre 2024, n’a apporté aucun présent aux supporters, contrairement aux croyances. Lui aussi comme son président rêvait de “Ligue 1 et d’Europe”. Mais il a fait vivre un cauchemar aux supporters : 0 victoire, 1 but marqué, 7 défaites.

Son successeur ne fera pas nécessairement mieux. 7 points dont une seule victoire seront rapportés par Michel Der Zakarian au club.

Trois coachs pour un maigre résultat : 5 victoires, 7 nuls et 21 défaites, à l’heure où ses mots sont écrits. En ayant la pire défense avec 56 buts encaissés et la troisième pire attaque. Ridicule pour le cinquième budget de Ligue 2. Les entraîneurs n’ont clairement pas été au niveau : manque de talents, inexpérience, erreurs tactiques, nombreux sont leurs défauts.

Mais ils ne sont pas les seuls fautifs. Les joueurs le sont aussi. Si aucun des trois entraîneurs n’a réussi à en tirer quelque chose, c’est qu’il doit bien avoir un problème.

Un mercato raté

Le problème a commencé en été dernier. Fort d’une 6e place, plusieurs joueurs, dont Dieudonné Gaucho, veulent profiter de cette bonne dynamique pour partir. Le club est en pleine transition entre actionnaires, et les anciens dirigeants ne veulent pas prendre de décisions avant leur arrivée. Ils arrivent tard, et le club ne laisse aucun bon de sortie. Ce qui énerve les joueurs, le meilleur buteur de la saison précédente, Alexandre Mendy en premier. Et il ne l’a pas encore digéré, comme il l’a expliqué en conférence de presse il y a quelques semaines.

Ce mal-être de certains joueurs explique en partie les mauvais résultats. Et le mercato d’hiver n’y changera pas grand chose. « C’est dur d’arriver dans un groupe qui est très, très touché, notamment mentalement », explique le défenseur Jules Gaudin arrivé en prêt en provenance du Paris FC, qui réussira l’exploit la même année de monter en Ligue 1 avec le club de la capitale et de descendre avec le SM Caen en National.

Surtout que deux des principales arrivées de ce mercato : Samuel Grandsir — dont le profil étonne tant il était mauvais chez le rival havrais — et Yassine Benrahou se sont blessés dès leurs premiers matchs, manquant de rythme pour la suite de la saison. Le reste des joueurs n’ont pas satisfait, pire ils ont causé des buts.

Côté départ, pas grand chose à signaler. L’effectif est toujours le même que celui qui avait enchaîné 11 matchs sans victoire durant la saison précédente. Difficile de casser cette dynamique donc.

Certes, l’arrivée du directeur sportif le 13 janvier 2025 n’a pas aidé à l’élaboration d’un mercato de qualité. Car comme le dit en partie Arrigo Sacchi, considéré par certains comme le meilleur entraîneur de football de l’histoire, « on joue comme on s’entraîne, on s’entraîne comme on est dirigé ». Mais les joueurs sont au bout de la chaîne. Ce sont eux qui peuvent arrêter ce massacre. Ce sont eux qui peuvent sauver le peu d’âme qu’il reste dans les enceintes du Stade Malherbe. Ce qu’ils n’ont pas fait.

Un cruel manque d’implication

Ce n’est pas totalement de leur faute. Bilal Brahimi, Romain Thomas, Emmanuel Ntim, Brahim Traoré, Yann M’vila… nombre de blessures sont venues gâcher la saison. Ajoutez les 5 cartons rouges et vous avez un effectif amoindri tout au long de l’année.

Mais un manque d’implication s’est aussi fait ressentir chez les joueurs. Du début de la saison avec le mercato raté, jusqu’à la fin où nombreux ont eu du mal à admettre qu’ils luttaient pour la relégation. Comme Bilal Brahimi, un soir de décembre après une énième défaite : « Franchement, il n’y a pas urgence. Cela bosse très, très bien. J’y crois énormément pour la suite. J’ai vécu une saison où je suis descendu avec Dunkerque en National, je connais la recette et je sais que ce Malherbe-là n’a rien à faire dans le bas de tableau », rapporte Ouest-France.

Sauf que quelques mois plus tard, cette citation n’a pas le même écho. Proment, Watier, toutes les anciennes gloires du club l’attestent : les joueurs sont responsables de cette descente.

Les joueurs le savent et ils se sont excusés : « Yann a porté le message des joueurs aux salariés. Il s’est excusé, en notre nom, de la situation. Tout vient de nous », a expliqué Jules Gaudin en conférence de presse le 25 avril.

Une catastrophe financière

Parce que c’est l’un des gros « problèmes » de cette descente : les salariés. Même si la direction indique faire « le maximum pour limiter la casse », il semble difficile de ne pas voir le licenciement de plusieurs employés.

Au-delà des salariés, les revenus du club vont drastiquement baisser. A commencer par les droits TV, qui seront vraisemblablement inexistants, contre environ 4 millions d’euros en 2023–2024. Ce sont aussi les revenus de billetterie qui vont logiquement baisser, rien qu’à cause de l’horaire du match (généralement à 19h30 le vendredi).

À cela s’ajoutent les pertes de revenus liés à la publicité et aux sponsorings. En tout, le budget sera divisé par environ 3.5 l’année prochaine. Sachant que « le club vivait déjà entre 10 et 15 millions d’euros au-dessus de ses moyens », comme l’a annoncé Fayza Lamari au micro de Ici Normandie.

Au-delà de la santé économique, tout le territoire en prend un coup. La ville de Caen se voit perdre une source de revenus d’une valeur de 300 000€. Le football local aussi, principalement sur le point de la formation et d’accompagnement des jeunes joueurs. Mais pas que. Sur le plan économique aussi : « Chaque ligue de foot est classée. Plus vous avez des ligues puissantes au niveau sportif, plus vous avez de budget, des dotations. C’est aujourd’hui un sacerdoce de maintenir à flot un club. Donc, on peut avoir au niveau financier des budgets entrecoupés », comme l’explique au micro d’Ici Normandie Nicolas Leroux, le président de l’US Avranches.

Sur une durée plus longue, le club pourrait aussi perdre dans trois ans son statut professionnel, fragilisant encore plus sa santé financière.

À moins que le Stade Malherbe de Caen ne remonte en Ligue 2. Mais la tâche s’annonce compliquée. Récemment, seul Dunkerque, en 2022/2023, a réussi l’exploit de remonter aussitôt. Depuis, l’introduction des barrages opposant le 16e de Ligue 2 au 3e de National compliquent encore un peu plus la tâche.

Tout n’est pas perdu

Mais tout n’est pas perdu. Déjà parce que la descente n’est pas encore totalement officielle. La DNCG avait exprimé cet hiver trois relégations à titre conservatoire. L’AC Ajaccio, le SC Bastia et le FC Martigues ont ainsi été mis en sursis. Mais cela semble un peu illusoire.

Ce qu’il l’est moins, c’est le soutien, sans surprise, des supporters tout au long de cette saison cauchemardesque. Près de 18 000 spectateurs pour le dernier match à enjeu contre Martigues.

Et c’est sur leur soutien que le club doit construire la prochaine saison. Revenir à une identité plus locale, plus normande, loin du foot-business. Repartir aussi avec des joueurs, des jeunes, des dirigeants qui ont envie d’être là. De là, une bonne partie du chemin sera effectuée. Le reste, ce sera sur le terrain.

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