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Présidentielles 2027. Primaires à gauche : la seule solution pour gouverner ?

En juin 2024, la candidature commune d’un front de gauche pour les législatives avait porté ses fruits. L’alliance du Nouveau Front populaire avait obtenu une majorité relative à l’Assemblée nationale. Depuis, la question d’un pacte, et de l’organisation de primaires refait surface pour les présidentielles de 2027.
10 avril 2025 par
Présidentielles 2027. Primaires à gauche : la seule solution pour gouverner ?
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Une candidature unique à gauche pour les présidentielles de 2027 ? La question refait surface, quelques mois après le « succès » d’une candidature commune pour les législatives de 2024. Les primaires sont-elles la solution ?

Plusieurs partis l’approuvent

D’abord, c’est quoi des primaires en politique ? Originaire des États-Unis, c’est « un vote qui vise à déterminer quel candidat représentera une organisation pour une élection », comme l’explique Paul, responsable des Jeunes Socialistes dans la Somme. Généralement, seuls les membres ou adhérents de l’organisation peuvent voter.

À gauche, plusieurs des partis politiques en sont des spécialistes. À commencer par Europe Ecologie Les Verts (EELV). « Les primaires permettent d’éviter les querelles internes et à tous les adhérents de choisir démocratiquement le candidat qui va les représenter », explique Logan Brague, secrétaire départemental des écologistes dans la Somme.

Le Parti Socialiste est également un fervent défenseur de ce mode de scrutin. Même si les dernières expériences ne sont pas concluantes« le meilleur exemple reste Benoit Hamon en 2017. Certes, il représentait la majorité au sein du parti. Mais était-ce le candidat qui permettait de rassembler et de gagner l’élection ? », questionne Paul.

Le cas de 2022

Surtout qu’un autre cas plus récent à gauche a montré ses failles : celui de la Primaire populaire pour les élections présidentielles de 2022. Si elle avait rencontré un franc succès avec environ 390 000 votants, elle n’a eu aucune légitimité.

Pourquoi ? Parce que les partenaires politiques à gauche n’y étaient pas tous favorables. Certains n’y participaient même pas. Résultat : Christiane Taubira, arrivée en tête, avait finalement retiré sa candidature avant de soutenir Jean-Luc Mélenchon.

Pour Logan Brague, « si les forces politiques à gauche veulent qu’une primaire fonctionne, il faut la mettre en place dès maintenant, et pas le faire au dernier moment, comme en 2022 ». Reste à voir les modalités. « L’un des risques est que cela soit mal organisé et qu’un bourrage d’urnes soit possible. Un autre problème est que les votes ne vont élire que des personnes déjà connues politiquement. Les primaires ne feront pas sortir une candidate consensuelle comme celle de Lucie Castets », explique Maloë, co-animatrice des Jeunes insoumis dans la Somme.

Provoque des tensions

Est-ce donc réellement la meilleure solution pour permettre à un candidat de gauche de gouverner ? Pour Paul, « les primaires restent moins efficaces que l’émergence d’une candidature qui s’est construite au fur et à mesure de manière à produire un consensus. Je n’y suis pas du tout favorable ». Car comme le dit le député de la France Insoumise, Manuel Bompard, « les primaires, ça crée des divisions, ça crée des clivages et au lendemain de la primaire, vous avez les opposants au candidat qui a finalement été désigné, qui vont soutenir un autre candidat ».

« Que ça passe par des primaires ou des discussions, il faut obligatoirement un consensus », explique Logan Brague. C’est d’ailleurs l’objet de la création d’un mouvement nommé « Gagnons ensemble » par Lucie Castets et Marine Tondelier. Reste à déterminer les modalités.

Pour assurer la réussite de cette candidature commune, il faut le faire « sur la base d’un programme : celui du Nouveau Front Populaire », note Maloë.

Le nom du candidat n’est pas arrêté. « Il faut quelqu’un de fiable sur le programme et qui le respecte », poursuit l’étudiante en droit. « Tout en étant rassembleur, comme l’a fait Lucie Castets pour les législatives de 2024 », rapporte Logan Brague.

Une candidature utopiste ?

Mais l’harmonisation semble utopique pour le moment, notamment par la présence de Jean-Luc Mélenchon. « L’hégémonie à gauche de la France Insoumise pose problème. La preuve : l’ancien député s’est déjà porté candidat pour 2027 », note le militant écologiste.

Une candidature sans la France Insoumise est-elle une solution viable ? Même si la figure de Mélenchon n’est pas « consensuelle », « une candidature avec LFI peut s’imaginer uniquement sous réserve d’un changement de méthode et de discours sur certains sujets ».

Et si un accord entre les différents partis était réellement la clé, plus que l’organisation d’une primaire ? Tous s’accordent à le dire. « Si on avait fait une union en 2022, un candidat de la gauche serait passé au second tour des présidentielles », assure Maloë. « Pour moi un accord n’est pas négociable, c’est indispensable. Sinon, mathématiquement, il y aura de la casse et on s’en mordra tous les doigts », conclut Logan Brague. Il ne reste désormais plus qu’à attendre 2027 pour voir si la gauche réussira à ne pas reproduire les « erreurs » du passé.


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